Toutes nos grandes entreprises peinent à retrouver les équilibres économiques nécessaires. De la Sncft à Tunisair en passant par la Transtu, la Sonede, la Steg et on en oublie. Toutes sont en souffrance et ne parviennent pas à combler leurs déficits ou à rétablir leur situation financière. Des millions de dinars de dettes de pertes ou de manque à gagner sont affichés à leurs tableaux de bord. Les caisses sociales, non plus, n’échappent pas à la crise qui s’est emparée des fleurons qui faisaient, jadis, la fierté de notre économie. Il n’est que de voir le piteux état dans lequel se trouvent les secteurs des industries extractives et énergétiques.


Ce n’est donc un secret pour personne si, aujourd’hui, on interpelle les responsables et tous les acteurs économiques à mieux prendre en charge la situation et à trouver des idées plus pertinentes pour sortir du marasme.
Mais il y a, d’abord, le B.a.-ba à mettre en œuvre dans de pareilles circonstances. Pour la Compagnie des phosphates de Gafsa, par exemple, il n’y a qu’à remettre la machine en marche. Bien sûr, c’est plus facile à dire qu’à faire. Toujours est-il qu’il existe une solution qui n’attend que le moment propice et la volonté qu’il faut. Les freins sont connus de tous. Ils sont, déjà, identifiés.

Mesures inopérantes
Un autre exemple, c’est la Steg (Société tunisienne d’électricité et du gaz). Celle-ci n’arrive pas à recouvrer ses créances auprès de ses clients. Au mois de novembre dernier, les déficits occasionnés par le non-paiement des factures s’élevaient à 1.400 milliards de millimes dont 700 milliards contractés par l’Etat et les établissements publics.
Or, cette entreprise est un vrai mastodonte qui emploie environ 12.388 personnes entre ouvriers et cadres et près de 4 millions d’abonnés. Ceci représente, évidemment, un fardeau supplémentaire. A cela est venu s’ajouter son incapacité à recouvrer ses créances auprès de ses abonnés. La conjoncture aidant, la Steg rencontre de plus en plus de difficultés à faire son travail. En effet, depuis 2011, les agents ne peuvent plus faire leur travail et, notamment, les coupures d’électricité, pour défaut de paiement. Ils ont, à plusieurs reprises, été victimes d’agressions et d’actes de violence.
De ce fait, les mauvais payeurs se trouvent dans l’impunité totale tout en bénéficiant de l’électricité presque gratuitement puisqu’ils ne payent rien pendant des mois et des mois. Les montants s’accumulent et il devient presque impossible pour certains de régulariser leur situation. Une initiative a été prise par la Steg dans le but de faciliter ces factures impayées en rééchelonnant les montants. Une date butoir avait, donc, été fixée pour la fin du mois de mars dernier. Après quoi, la Steg se donnait le droit de procéder à la coupure de l’électricité.
Cette mesure n’a pas eu l’effet escompté. De nombreux abonnés sont toujours récalcitrants et ne craignent pas de rétorsions de la part de la Steg, vu qu’ils n’ont pas constaté les coupures qui doivent être opérées en cas de non-paiement. Alors, ils persistent.
Tant que cette société n’intervient pas comme le lui permet la loi, elle ne pourra jamais récupérer son dû. Les mauvais payeurs le savent bien et tablent sur ce facteur. Dans de tels cas on invoque, souvent, les conditions sociales de certains clients. Mais là, aussi, l’Etat est intervenu pour contribuer au paiement des factures de ce qu’on appelle les familles nécessiteuses.

Passer à l’action
Des centaines de milliers de ces foyers devraient bénéficier d’une part de 40% sur leur consommation. Celle-ci sera payée par l’Etat. De toutes les façons, la situation sur le terrain n’a pas trop changé. Ce qui laisse penser que la Steg est appelée à être plus entreprenante si elle veut être payée. Il y a, bien sûr, la loi et la force de la loi. Car, il existe des cas, très nombreux, où la société porte préjudice à ses clients. Lorsqu’une maison est louée, le locataire fait, parfois, exprès de ne pas payer laissant les factures s’accumuler. A un certain moment, toutes ces factures atteignent des millions de millimes. C’est, alors, que le locataire décide de quitter la maison sans payer ses factures. Aussi, est-ce le propriétaire qui devra payer les pots cassés. Qui est, donc, le vrai responsable, ici ? N’est-ce pas la Steg qui n’a pas appliqué le règlement en ne privant pas l’intéressé d’électricité ? Il en est de même pour la Sonede. Cette dernière ne semble pas empressée de récupérer ses créances. Les nombreux clients continuent d’exploiter l’eau courante en ne payant pas un sou durant de longues années. C’est, donc, le même scénario que pour la Steg.
On peut, également, élargir cette comparaison à d’autres grandes sociétés nationales qui baissent les bras et se résignent devant de tels faits. On peut citer la Transtu qui dispose d’un sureffectif qui peut être utilisé de façon plus rationnelle. Pourquoi ces agents (on disposerait de 7 agents pour un seul bus !) ne feraient-ils pas office de contrôleurs au lieu de rester à ne rien faire ? Le phénomène de la resquille se répand à une grande échelle au point que le fait de payer son billet est devenu une exception.
On l’a constaté, à plusieurs reprises : chaque fois qu’il y a des opérations de contrôle dans un métro, ce sont des dizaines et des dizaines de contrevenants qu’on surprend en flagrant délit. C’est pourquoi il serait opportun, dans une étape transitoire, d’intensifier ces opérations en mobilisant le plus grand nombre d’agents en surnombre pour rentabiliser le travail. De plus, les sanctions contre les resquilleurs devraient être plus draconnienes. D’abord pour servir de leçon aux personnes incriminées et contribuer à renflouer les recettes de la Transtu (en augmentant le montant de la contravention).
Ainsi, ce sont de telles mesures qui pourront débloquer la situation dans toutes ces entreprises. Ce n’est pas en se contentant de dénoncer un état des choses que l’on parviendra à résoudre ces problèmes. Il est temps de passer à l’action et d’utiliser tous les moyens que permet la législation pour recouvrer ses droits. Autrement, ce serait ouvrir les portes devant l’anarchie et la désorganisation.

Amor CHRAIET

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